Les usagers acteurs de leur bibliothèque

« La bibliothèque, espace public, outil du lien social »

Compte rendu de ces deux  journées

Organisées par la bibliothèque publique d’information, les jeudi 22 et vendredi 23 novembre 2012 dans le cadre du cycle « Partager des savoirs, faire société : les bibliothèques dans la cité. » avaient lieu les journées professionnelles baptisées « La bibliothèque, espace public, outil du lien social. »

Ces deux journées ont mis l’accent sur le rôle de la bibliothèque comme espace public, proposant des services résolument orientés vers les besoins des usagers, permettant aux citoyens de se rencontrer, de partager des discussions, des évènements, des  savoirs et des  savoir-faire. Des espaces publics qui découlent des politiques publiques visant à restaurer, maintenir, voire développer la cohésion sociale, et qui sont donc conçus pour répondre aux besoins de la population et pour impliquer les usagers dans leurs projets et leurs activités. Le principe de ces journées étaient de rapporter un certain nombre d’expériences et de prendre connaissance des dispositifs mis en place et de solutions dans l’intérêt des usagers.

LES USAGERS ACTEURS DE LEUR BIBLIOTHÈQUE

Melting popotes, de la cuisine à la production de contenus en passant par la bibliothèque

Odile Fayolle et Lila Chettabi, médiathèque de la Monnaie, Romans-sur-Isère

Romans sur Isère est une commune de 4500 habitants qui se trouve dans le département de la Drôme. Au sein de cette commune il y a deux médiathèques. Nous nous intéresserons plus particulièrement à celle installée dans un quartier populaire (fonds de 25 000 documents). Avec l’accord de l’élu, une partie du budget est utilisé pour les animations. Car le constat est fait que les animations font sortir les livres (notamment ceux qui ne sont pas prescrits au départ). Une navette entre les deux bibliothèques a été mise en place.

En matière d’indices de précarité sociale : la bibliothèque est implantée dans le quartier le plus pauvre de la région Rhône Alpes, un taux de chômage de 48% et un taux de familles monoparentales  s’élevant à 31%.

Ce qui est intéressant pour le quartier c’est que l’ensemble des dispositifs mis en place crée une dynamique importante. La maison citoyenne, la ludothèque…

C’est aller trouver le public là où il ne nous attend pas : sur le marché hebdomadaire, le temps scolaire après le repas et un important travail est réalisé hors les murs puisque la bibliothèque investi les pieds d’immeubles l’été.

A l’origine, Michel Onfray et l’idée selon laquelle on doit trouver toutes les conditions sociales autour de la gastronomie. De là, des ateliers se sont mis en place.

Dans cet atelier, ce sont des femmes qui partagent leur savoir-faire (des femmes vivant dans le quartier). L’idée de l’atelier est de les faire cuisiner pour faire découvrir leur spécialité et bien au-delà comme discuter, tisser des liens. Ce sont des femmes qui fréquentaient notamment la maison citoyenne pour apprendre le français.

Ces ateliers ont pour but de mettre en valeur les femmes d’origines étrangères et leurs talents, de favoriser les échanges culturels entre personnes d’origines et de milieu divers.

Concrètement, il a fallu du temps pour trouver les femmes volontaires pour ce projet.

L’atelier se déroulait à la maison citoyenne et avait  lieu le samedi matin de 9h à 12h. L’accueil se faisait autour d’un thé à la menthe. Ces ateliers sont ouverts aux abonnés des médiathèques du Pays de Romans et aux adhérents de la Maison Citoyenne. Une participation de 5 € est demandée pour chaque atelier.

Cet atelier était animé par des salariés de la maison citoyenne et des bénévoles dont pour une le métier était photographe.

L’intérêt a été de valoriser ce travail : une exposition avec des photos des gestes de main s’est tenue à la médiathèque. Les commentaires en guise de légende pour les photographies ont été réalisés par les femmes dans le cadre de l’atelier de français.

Pour ces femmes c’était la première occasion d’entrer dans la médiathèque et d’être sur les murs. Elles sont regardés et jugées intéressantes.

A la suite de ce projet, un blog a été crée par un bibliothécaire ainsi que la création d’un livre contenant les recettes et pour chaque recette un portrait de femme. De nombreux livres ont été vendus.

Les apports pour la médiathèque :

– un lieu accessible pour tous

– des temps informels de rencontre avec les femmes, c’est un temps valorisé

– cela contribue à la mixité sociale.

Ainsi on utilise les compétences du quartier (fête des langues : russe, arabe, langue des signes…) suivi d’un goûter partagé.

L’atelier se poursuit encore aujourd’hui…

Les habitants s’approprient la bibliothèque

Hélène Certain et Anne-Sophie Leroux, bibliothèque Louise Michel, Ville de Paris (20ème)

La bibliothèque Louise Michel se situe dans un quartier populaire, elle est récente (ouverture le 30 mars 2011). C’est un espace décloisonné de 300 m2 où cohabitent les publics. L’aménagement des espaces a été pensé dans un esprit « salon » comme à la maison.

Elle accueille un public mixte. Les habitants s’approprient la bibliothèque.

Elle fonctionne avec une politique documentaire drastique et une offre documentaire accessible. L’axe fort constitue la lecture loisir/plaisir 80%, les documentaires représentent 20%.

Cette possibilité de choix tient à la proximité de la médiathèque Marguerite Duras, une médiathèque classique.

Les cotes et la valorisation des documents sont simplifiés : un ouvrage sur le cheval est coté « Cheval ».

Une désacralisation des usages est mise en avant. Est défendue l’idée qu’on ne vient pas à la médiathèque pour les mêmes raisons : discuter, boire et/ou manger, jouer aux échecs (deux petites tables de jeux), regarder un film, jouer aux jeux vidéo, lire ou se faire lire des histoires, donner son avis sur une lecture (une corbeille à disposition avec des petits papiers), jardiner (un lecteur y vient le week-end avec son fils) ou travailler au calme à l’étage.

La philosophie de la bibliothèque « comme à la maison » :

– il existe un local à poussettes

– l’accueil est personnalisé

– une médiatrice familiale a été embauchée

– chaque samedi un thé à la menthe est proposé aux usagers

Faire ensemble : la bibliothèque est animée par les habitants du quartier. Ces derniers sont à l’initiative de diverses activités.

– Le café Louise (présentation des nouveautés et coups de cœur)

– Jeux d’échecs

– Aide aux devoirs (assurée par des bénévoles au nombre de 7) les mardis et jeudis à partir de 16h30 pour une vingtaine d’enfants du CP à la 3éme.

– Ciné habitants sur l’idée du ciné club. Sur une année, les habitants sont volontaires, chaque mois un volontaire choisit et présente un film.

Pour éviter que certains habitants s’approprient trop les actions, le bibliothécaire est présent et joue le rôle de modérateur et/ou de médiateur.

Les partenaires relais de la bibliothèque : la protection maternelle et infantile (PMI) en fait partie. Elle accompagne les familles sur des temps où la bibliothèque est fermée au public. Les PMI apparaissent comme le relais de la bibliothèque ainsi qu’une association parisienne « Lire ».

Se profile à l’horizon l’idée d’un repas festif avec tous les habitants pour fêter le 1er anniversaire de la bibliothèque.

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